lundi 16 août 2010

Napoléon et la Franc-maçonnerie

Présentation de 2 ouvrages de référence et extraits concernant les rapports étroits entre Napoléon et la Franc-maçonnerie.




Pierre Mollier : directeur du service Bibliothèque-Archives-Musée/Études et Recherches maçonniques du Grand Orient de France et rédacteur en chef de la revue d'études maçonniques et symboliques « Renaissance traditionnelle ». Il est l'auteur d'une cinquantaine d'articles sur l'histoire de la franc-maçonnerie, de ses rites et de ses symboles et a récemment publié « Le Régulateur du Maçon (1785-1801), la fixation des grades symboliques du Rite français, histoire et documents » (Paris, À l'Orient, 2004) ainsi que « La Chevalerie maçonnique : Franc-maçonnerie, imaginaire chevaleresque et légende templière au siècle des Lumières » (Paris, Dervy, 2005). Il a été l'élève de Jean-Pierre Laurant à l'École pratique des hautes études.

L'Etat-major maçonnique de Napoléon
dictionnaire biographique des dirigeants du Grand Orient de France sous le Premier Empire
Ouvrage publié avec le concours de la Fondation Napoléon
Editions A l'Orient (
www.alorient.com), 312 pp., 39 €
Diffusion : DG Diffusion (
www.dgdiffusion.com)
Ce Dictionnaire biographique des dirigeants du Grand Orient de France sous le Premier Empire veut éclairer une dimension jusque-là peu étudiée de la France napoléonienne. Entre 1804 et 1815, sous l'autorité attentive de Cambacérès, le numéro deux de Napoléon, des Maréchaux au Conseil d'Etat en passant par le Tribunat ou le Sénat, la direction du Grand Orient est étroitement liée au nouveau pouvoir. La Franc-maçonnerie devient alors un véritable « appareil idéologique d'Etat ». Toute une partie de la bourgeoisie, gagnée aux Lumières et aux principes du libéralisme philosophique, ne pouvait plus être intégrée au système politique via le catholicisme rétabli par le Concordat : les loges se substituent alors aux paroisses pour insérer la bourgeoisie voltairienne dans l'Etat napoléonien. Ainsi, ce travail est aussi une enquête sur ces « couches nouvelles » issues de la Révolution, qui s'installent au pouvoir sous l'Empire et dont l'action transformera profondément la France tout au long du XIXe siècle.

Mais au-delà de cette approche sociologique, à l'image de l'époque, beaucoup de ces
312 personnages ont eu des vies qui sont de véritables romans, d'obscures provinces aux ors des palais impériaux, des sables du désert égyptien aux neiges de la Russie éternelle. La Franc-maçonnerie y joue souvent un rôle. En effet, rares sont les – grands, moyens... ou petits ! – dignitaires de l'Empire qui n'ont pas eu, à un moment ou à un autre, un lien plus ou moins fort avec les loges. Pour certains comme Cambacérès, Junot, Lacépède, Mac Donald, Masséna, Regnaud de Saint-Jean d'Angély, Ségur... elle a même été un élément de formation dans leur jeunesse. Des amitiés, des sensibilités informelles au sein du pouvoir, s'expliquent en partie par une commune fréquentation des loges avant la Révolution, lorsqu'ils n'étaient encore que des jeunes gens qui cherchaient leur chemin dans la société d'Ancien Régime. Aux côtés des grands noms, le lecteur découvrira aussi une galerie de portraits d'« oubliés de l'histoire » à la vie pourtant tout aussi romanesque.

La prosopographie consiste à étudier un groupe social en reconstituant les biographies de ses membres. La juxtaposition de ces itinéraires permet de cerner les origines sociales ou géographiques, la formation et les parcours, les réseaux familiaux, amicaux, politiques ou économiques qui structurent, organisent et font vivre le groupe. Cette connaissance en profondeur de la réalité d'un acteur social permet de mieux comprendre son influence et son rôle dans la société de son temps.

Jérôme BONAPARTE, (1784-1860) Frère de Napoléon, roi de Westphalie de 1807 à 1813. Franc-Maçon reçu louveteau à 17 ans, à la loge "La Paix", orient de Toulon. En 1801 devient Grand Maître de la Grande Mère Loge de Westphalie.

Joseph BONAPARTE (1768-1844) : Roi de Naples puis Roi d'Espagne avant de s'exiler plus tard aux États Unis. Initié Franc-Maçon à la loge "La Parfaite Sincérité", Marseille. Il devient, en 1804, Grand Maître du Grand Orient de France.

Louis BONAPARTE (1778-1846) : Frère de Napoléon et père de Napoléon III. Franc-Maçon, il fut Grand Maître adjoint de 1803 à 1806, remplacé par Cambacérès.





Le numéro deux du Régime, l'Archichancellier Cambacérès fût même le Grand Maître de l'Ordre Maçonnique en France.

Jean-Jacques, Régis CAMBACERES, duc de Parme. (1753-1824) : Archichancelier de l'Empire en 1804. Participa a la rédaction du Code Civil. Grand Maître-adjoint du Grand Orient de France de 1806 à 1815, comme suppléant du roi Joseph Bonaparte. Napoléon lui assigna la mission de "surveiller et contrôler" la maçonnerie. Plus de 1200 loges furent constituées sous son mandat. Franc-Maçon de la Loge "Ancienne et de la Réunion des Élus", à Montpellier, Vénérable de la Loge "Saint-Jean" de la Grande Maîtrise, à Paris. Membre du Suprême Conseil du rite Écossais Ancien et Accepté 





L'Impératrice Joséphine comme la  soeur de l'Empereur,  Caroline,  sont Franc-maçonnes

Joséphine de Beauharnais (1763-1814) Elle fut sans doute initiée à Strasbourg, alors que le Général Bonaparte, son époux y tenait garnison.
Devenue Impératrice en 1804, elle joue un rôle non négligeable dans la prise de contrôle de la maçonnerie par le régime et s'emploie à raviver la Maçonnerie d'Adoption dont elle est la Grande Maîtresse.

Caroline Bonaparte (1782-1839) Troisième sœur de l'empereur Napoléon 1er, elle épouse Joachim Murat, roi de Naples et des Deux-Siciles et exerce le rôle de Grande Maîtresse des loges d'adoption du royaume des Deux-Siciles.





La plupart des Maréchaux d'Empire furent également Franc-Maçons :

AUGEREAU, Pierre François Charles  (1757-1816) : Fait par Napoléon Maréchal d'Empire, Duc de Castiglione. Franc-Maçon, en 1801, de la loge "Les Enfants de Mars" à La Hague (Hollande).

BERNADOTTE, Jean Baptiste (1763-1844) : Fait par Napoléon  Maréchal d'Empire, Prince de Pontecorvo, puis roi de Suède sous le nom de Charles XIV, ancêtre de l'actuelle famille régnante. Initié Franc-Maçon en France par une "loge militaire". Après son accession au trône de Suède, il devient Grand Maître de la Franc-Maçonnerie Suédoise.

BERTHIER, Louis Alexandre (1753-1815) : Fait par Napoléon  Maréchal d'Empire, Prince de Neuchâtel et de Wagram. Ne fut pas maçon.

BESSIERES, Jean-Baptiste (1766-1813) : Fait par Napoléon  Maréchal d'Empire, Duc d'Istrie. Inscrit au Tableau de "l'Ordre Sacré des Sophisiens" qui ne recrutait que parmi les Francs-Maçons. Cependant aucun document, à ce jour, sur son appartenance à la Franc-Maçonnerie. Franc-Maçon ?

- BRUNE, Guillaume Marie Anne (1763-1815) :
  Vite écarté par Napoléon, bien que fait Maréchal d'Empire, boudé par Louis XVIII, tué par des royalistes. Franc-Maçon, on ne sait à quelle date. Vénérable d'Honneur, en 1811, de la Loge "la Constante Amitié", Sésame. Officier d'Honneur du GODF.

DAVOUT Louis-Nicolas (1770-1832) : Fait par Napoléon Maréchal d'Empire, Duc d’Auerstadt, prince d’Eckmühl. Ne fut pas maçon.

GOUVION Laurent (1764-1830) : Fait par Napoléon Maréchal d'Empire, marquis de Gouvion-Saint-Cyr. Ne fut pas maçon.

GROUCHY, Emmanuel,  comte de (1766-1847) : Officier de l'Ancien Régime qui se rallia à la Révolution puis à l'Empire. Fait par Napoléon  Maréchal.d'Empire Pair de France il participe de la défaite à Waterloo. Franc-Maçon, en 1787, de la Loge "L'Héroïsme" à Beauvais.

JOURDAN  Jean-Baptiste (1762-1833) : Fait par Napoléon Maréchal d'Empire, comte. Non Maçon.
- KELLERMANN, François (1735-1820) :
 Vainqueur à Valmy face aux troupes du Duc de Brunswick. Fait par Napoléon Maréchal d'Empire, duc de Valmy. Franc-Maçon, il est Vénérable d'honneur, dès 1804, de la loge "Saint Napoléon", Paris.
LANNES,
 Jean (1769-1809) : Fait Maréchal d'Empire par Napoléon, Duc de Montebello. Initié Franc-Maçon, à une date inconnue, est Officier d'Honneur, en 1806, du GODF. Celui que Napoléon surnommait "le brave parmi les braves" et qui était l'un des rares à tutoyer l'Empereur.

LEFEBVRE,  François Joseph  (1755-1820) : Fait par Napoléon Maréchal d'Empire, Duc de Dantzig. Initié Franc-Maçon, à une date inconnue, est nommé, en 1804, Grand Hospitalier d'Honneur du GODF. Il est membre du chapitre "L'Abeille Impériale", Paris.

MAC DONALD Etienne-Jacques-Joseph-Alexandre(1765-1840) : Fait par Napoléon Maréchal d'Empire, Duc de Trente.  Initié Franc-Maçon, en 1797, à la Loge "Le Centre des Amis", Paris. Il est nommé, en 1813, Grand Administrateur de la Grande Loge Symbolique.

MARMONT Auguste Frédéric Louis, Viesse de (1774-1852) : Fait par Napoléon Maréchal d'Empire, Duc de Raguse. Ne fut pas maçon.

MASSENA, André (1756-1817) : Fait par Napoléon  Maréchal d'Empire, Duc de Rivoli, prince d'Essling. Surnommé par Napoléon : "l'enfant chéri de la victoire". Franc-Maçon de la loge "Les Vrais Amis Réunis", à l'orient de Nice et Grand administrateur du Grand Orient de France.

MONCEY Adrien Janot (de) (1754-1832) : Fait par Napoléon  Maréchal d'Empire, Duc de Conegliano. Franc-Maçon, Grand Officier d'Honneur, en 1814, du GODF.

MORTIER Édouard (1768-1835) : Fait par Napoléon  Maréchal d'Empire, Duc de Trévise. Initié Franc-Maçon, en 1792, à la Loge "Les Amis Réunis", Lille. Il est nommé, dès 1806, Grand Officier du Grand Orient de France.

MURAT Joachim (1767-1815) : Fait par Napoléon  Maréchal d'Empire, Roi de Naples; arrêté et fusillé en 1815. Initié Franc-Maçon, en 1801, à la Loge "L'Heureuse Rencontre", Milan. Il fonde , en 1809, le Grand Orient d'Italie.
- NEY, Michel (1769-1815) :
 Fait par Napoléon  Maréchal d'Empire, Duc d'Elchingen, Prince de la Moskova. Le plus brave d'entre tous les braves, le plus fidèle parmi les fidèles de Napoléon. Initié Franc-Maçon, en 1801, à la loge "Saint-Jean de Jérusalem", Nancy. Il fut fusillé après le retour de Louis XVIII. Le maréchal Moncey (maçon lui aussi) refusa de présider le Conseil de Guerre qui devait le condamner.

OUDINOT Nicolas Charles (1767-1847) : Fait par Napoléon  Maréchal d'Empire, Duc de Reggio. Initié Franc-Maçon, en 1799, à la même Loge que Ney  "St Jean de Jérusalem", Nancy. Il est nommé, sous la Restauration , Grand Officier d'Honneur du Grand Orient de France.

PERIGNON Dominique-Catherine (1754-1818) : Fait par Napoléon  Maréchal d'Empire, Marquis  de Grenade. Initié Franc-Maçon, à  une date inconnue, il est nommé, en 1806 , Grand Officier d'Honneur du Grand Orient de France. En 1813, il est Membre Honoraire du Suprême Conseil des 33 pour le Royaume de Naples.
- PERRIN (1766-1841) : dit VICTOR


PONIATOWSKI Josef Antoni (1763-1813) : Prince du Saint Empire romain germanique de par sa naissance, fait Maréchal d'Empire par Napoléon (Le seul maréchal étranger. Partisan de la reconstitution de la Pologne). Ne fut pas maçon.

SERURIER Jean-Matthieu-Philibert (1742-1819) : Fait par Napoléon  Maréchal d'Empire, Comte Sérurier. Initié Franc-Maçon, à  une date inconnue, il est, en 1806 , à la Loge "Saint Alexandre d'Écosse", Paris.

SOULT Jean de Dieu (1769-1851) :  Fait par Napoléon  Maréchal d'Empire, Duc de Dalmatie. Initié Franc-Maçon, à  une date inconnue, il est, en 1804 , Grand Officier du Grand Orient.

SUCHET Louis-Gabriel (1770-1826) : Fait par Napoléon  Maréchal d'Empire, duc d’Albufera.
On ne sait pas s'il fut maçon.

VICTORPERRIN_Claude Victor (1764-1841) : Fait par Napoléon  Maréchal d'Empire, Duc de Bellune. On ne sait pas s'il fut maçon.





D'autres personnages importants de l'Empire furent Francs-Maçons, comme Fouché et Talleyrand:

FOUCHÉ, Joseph, duc d'Otrante (1759-1820) : Celui dont on a surtout retenu qu'il fut ministre de la Police pendant les Cent-Jours, fut initié Franc-maçon, avant 1789, à la Loge "Sophie Madeleine, Reine de Suède", Arras.

TALLEYRAND-PERIGORD, Charles, Maurice, de (1754-1838) : Ministre des affaires étrangères sous Napoléon de 1797 à 1807.  Initié Franc-Maçon à la loge "L'Impériale des Francs-Chevaliers". Le "diable boiteux" resta Apprenti toute sa vie.





Le Comte de Grasse, Marquis de Tilly revient d'exil sous l'Empire pour former en 1804 le Suprême Conseil de France, après avoir été l'un des fondateurs du Suprême Conseil des Etats-Unis en 1801.

GRASSE-TILLY Alexandre, François Auguste, Comte de (1765-1845) : Capitaine de l'armée du Roi il débarque à St Domingue en 1789 pour recueillir de son père une riche plantation. La révolte le chasse aux USA avant qu'il ne revienne en Europe. Initié Franc-Maçon, en 1783, à la  loge "Saint Lazare" devenue "Le Contrat Social". Il installera, en 1804, La Grande Loge Générale Écossaise qui ouvre l'aventure en France puis en Europe du REAA.







François Collaveri : ancien préfet, docteur en histoire, a consacré l'essentiel de ses recherches à la franc-maçonnerie sous l'Empire. Il est également l'auteur de La Franc-Maçonnerie des Bonaparte.
§  Présentation de l’ouvrage : « Napoléon était-il franc-maçon ? » La question continue de diviser le monde napoléonien. Pour certains historiens, l'initiation de Napoléon ne fait aucun doute. Un regard sur son entourage suffit pour s'en convaincre : ses frères - Joseph est à la tête du Grand Orient de France -, ses sœurs, son épouse Joséphine, la plupart des maréchaux et des grands dignitaires impériaux, tous sont maçons. Dans ce contexte, on peut difficilement imaginer que Napoléon ne fasse pas partie de la grande Fraternité... Et pourtant, nombreux sont les chercheurs qui réfutent cette affiliation. Leur argument : aucun document " officiel " ne prouve l'appartenance de l'Empereur à la franc-maçonnerie ; lui-même n'y a d'ailleurs jamais fait allusion. Beaucoup de questions soulevées, peu de réponses apportées jusqu'à présent... Seule une enquête minutieuse pouvait démêler l'écheveau. Ouvrage unique en son genre, « Napoléon franc-maçon ? » s'appuie sur de nombreux documents inédits - dont certains sont donnés en reproduction - pour tenter de résoudre l'énigme. Aboutissement de plusieurs années de recherches dans les archives des loges françaises et étrangères, cette étude s'affirme aujourd'hui comme la plus fiable contribution qui puisse être fournie pour éclairer le débat. Selon Jean Tulard (universitaire et historien français. Il est un des spécialistes français de Napoléon Bonaparte et de l'époque napoléonienne (Consulat et Premier Empire), directeur d'études à l'École pratique des hautes études depuis 1965, il devient, en 1981, professeur à l'université de Paris-Sorbonne et à l'Institut d'études politiques de Paris. Président de la Société de l'histoire de Paris et de l'Île-de-France (1973-1977), il est également président (1974-1999) puis président d'honneur (depuis 1999) de l'Institut Napoléon)  les conclusions de l'auteur, " longuement pesées et mûries ne pourront qu'emporter l'adhésion du lecteur. On écrira encore beaucoup sur la franc-maçonnerie impériale, tant est grande la fascination exercée par les sociétés secrètes, mais on ne pourra désormais se dispenser de consulter le Napoléon franc-maçon ? de François Collaveri. " 




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